DÉFIS, ENSEIGNEMENTS ET PARTAGE D’EXPÉRIENCES DANS LA GESTION POLITIQUE DE LA CRISE SÉCURITAIRE AU SAHEL

Depuis plus d’une décennie, le Sahel est confronté
à une crise sécuritaire avec des conséquences
socio-économique et humanitaire importantes.
La zone du Liptako-Gourma (Burkina Faso, Mali,
Niger), considérée comme l’épicentre de cette
crise, était au centre de la conférence régionale
organisée par l’OCGS, les 21 et 22 juillet 2022, à
Ouagadougou, en présence des représentants du
Burkina Faso, du Mali, du Niger et de la Mauritanie.
Ces participants sont issus des organisations
et instituts de recherche et d’études sur la
paix, la sécurité humaine, des organisations
non gouvernementales et de la société civile
(notamment des femmes, des jeunes et des
personnes ressources reconnues pour leurs
contributions significatives aux questions relatives
au thème de la conférence).
A l’issue des deux jours de travaux, les participants
à la conférence ont partagé les constats suivants :
• La région du Liptako-Gourma demeure
confrontée à une insécurité persistante,
caractérisée par l’activisme des groupes
extrémistes violents, la prolifération des activités
criminelles et l’accroissement des conflits locaux.
• La corruption, l’injustice et la mauvaise
gouvernance constituent les moteurs de la
violence et de l’insécurité.
• La faible présence ou l’absence des autorités dans
certaines localités rend difficile l’amélioration de
l’accès aux services sociaux de base.
• La plupart des réponses pour contrer l’insécurité

sont basées sur une compréhension limitée du
phénomène. En l’abordant principalement sous
le prisme sécuritaire, les acteurs font l’impasse
sur le déficit d’investissement productif dans les
localités affectées des pays et le faible impact
des projets sur les populations.
• L’absence de synergie dans les réponses
nationales et internationales n’a pas permis
d’obtenir des résultats probants dans la lutte
contre l’insécurité.
• Les civils, pris en étau entre attaques terroristes
et opérations militaires, continuent de payer un
lourd tribut.
• La qualité de la communication ainsi que le
mauvais traitement médiatique des incidents
sécuritaires ont contribué à la stigmatisation de
certaines communautés.
Sur la base de ces constats, les recommandations
suivantes ont été formulées, notamment :
• Renforcer le rôle des autorités coutumières,
traditionnelles et religieuses (chefs traditionnels
et religieux ainsi que les griots) en matière de
protection des droits humains.
• Ajuster les réponses élaborées pour faire face à
la crise au Sahel en tenant compte des besoins
fondamentaux et spécifiques des populations.
• Professionnaliser l’approche sécuritaire à travers
la Réforme du secteur de la sécurité (RSS)
et mettre davantage de ressources dans le
renforcement des liens de confiance entre les
acteurs en général, et particulièrement entre les
populations et les dirigeants.